lundi 11 décembre 2017

Je me souviens des instants précis où :
j'ai vu pour la première fois The Clash hurler sous la pluie "London Calling", avenue Georges V chez un disquaire.
J'étais dans un lit quand Olivier Cachin a diffusé en exclusivité le clip de Massive Attack dans Rapline.
Je me souviens de l'adieu brouillé de larmes au Père Lachaise quand j'ai entendu pour la première fois, Jeff Buckley chanter "Hallelujah".

Et je me souviens aussi de ma rencontre avec la musique et la voix d'Anna Kova.

Mes vocales idoles de jeunesse étaient Fitzgerald et Vaughan, elles côtoyaient les Hagen, Bush et Lovich.
Puis vint le mâle idol Patton, sans oublier les sucreries vieillottes du "King du Marcel à trous" allias Mister Jones.

C'est une Diva fantasque au prénom d'Ulrika, qui guida mes cordes pour que je donne de la voix.
Dans son studio sous les toits.
Une odeur de javel le jeudi, un escalier en bois tout de guinguois, où l'on croisait d'autres gosiers venus apprendre à respirer.

J'ai appris à apprécier La Callas autant que l'habileté des beugleurs de trash qui reprennent en voix claire après un cri primal. Car pour ce faire, il faut savoir dompter ce muscle magique.
N'en déplaise aux sceptiques, certains cris du Monsieur Manson sont pour moi plus affolants épidermiquement que les envolées de la Céline.
J'ai tenté le double mixte avec les Double Six. Puis grimpé le top des auditeurs avec une fièvre dansante avant la Ciccone, sous la houlette de métaleux urbains dont le punk se souvient.
Autant vous dire donc que la voix, ça me parle !

Ce soir là alors que j'allais retrouver ce qui me faisait office de pénates, dans mes oreilles en boucle, défilait "Pigment", un lp enlevé et distrayant, chargé sur la pomme en un instant.

Une évidence, un coup de foudre acoustique.
Alors que j'enjambais alertement le périphérique, j'ai laissé de côté la musique pour les lyrics. Après avoir offert à mon auditoire une version non censurée de "Big White Room" de Miss J, j'avais retrouvé le goût de chanter, celui du challenge de poser ma voix sur celle d'une artiste qui en a une grande dextérité.

Pour chanter juste, chanter haut, chanter en rythme, il faut avant tout gérer son air, respirer copieusement jusque dans le bas de son dos, à ce prix seulement les notes résonneront.
Et à ce moment précis de mon année passée j'avais un peu le souffle court, voire coupé.

Back to the future ...

Un an se passe sans que je me lasse de la musique de "Pigment",  j'ajoute à ma collection la collaboration avec Synapson, et trainant encore chez le disquaire virtuel je découvre "Pixels".
Rapide, énergique,  je clique. Et je décortique.
Au delà des mots qu'elle fait sonner d'une autre musicalité, donnant du fil à retordre à mon piteux anglais, il y a ce qui chante à mon oreille comme une suite logique à ce "Pigments" initiatique.

Trouver sa voie, et donner de la voix.

Si "Pigment" posait les bases de l'être soi :
"Believe" (in yourself), "All I got", ...

Et le joyeusement dansant "All in you" ,
"Pixels" enfonce le clou !

Une quête personnelle dont la belle éclos avec à l'évidence de ce qui fait tout le succès des développeurs personnels : Sois toi, c'est la seule façon de briller.
Se questionner sur être et avoir été, exploser, apprendre, se surprendre, se dorloter, se préserver, se révéler. Et si ça fait mal, au final ça fait du bien,
"Needed You", "Used me", "Worth it", ...

"Thank You" (tankya) pourrait être un ironique "fuckya" mais tout ce qui nous défait nous fait également, et nous apprend. Ce peut être une ode au pardon, ou une manière de faire taire ses démons, tourner le dos pour avancer, et de ses blessures ne pas faire une simple armure, mais un véritable champ de force comme dans ces jeux emplis de "Pixels"...



Anna Kova
"Thank You"






Merci Madame.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire